Voici le printemps

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En Europe, cette période est porteuse d’espoir de renouveau. Dans le milieu professionnel, c’est généralement en ce mois de juin que les grandes réflexions débutent pour arriver en novembre à une programmation ficelant les activités de l’année suivante. Dans le milieu sportif, c’est souvent la fin d’une saison, la grande période du mercato d’été pour mieux redémarrer dès septembre. Dans le monde culturel, c’est l’effervescence en vue des grands festivals musicaux de l’été…

Pour les futurs bacheliers, c’est le moment tant attendu pour enfin se projeter dans une nouvelle vie d’étudiant… Ce matin, je reçois un message m’informant que mon neveu est admis dans quelques uns des meilleurs lycées de France, pour une classe préparatoire afin plus tard d’intégrer les écoles les plus prestigieuses ! Il faut dire que ce n’est qu’une demi-surprise : il y a quelques semaines, il avait été choisi par son lycée pour passer le concours général de Physique ! Concours destiné à une poignée des meilleurs élèves du pays…

Je me demande, est-il exceptionnel ? J’ai fréquenté, et continue de fréquenter, des compatriotes doués dans différents domaines (les sciences, les lettres, la musique, le sport, …). Sentiment peut-être teinté de chauvinisme exacerbé, il me semble même que dans toutes mes activités professionnelles ou privées, j’ai toujours rencontré, au moins, un malagasy doué !

Quelle faute expie donc cette population qui individuellement est capable de se surpasser, de faire partie des meilleurs, et pourtant qui en tant que Nation patauge depuis des décennies dans une médiocrité sans nom ? dans une résignation pathétique ?

Il est d’usage de balayer d’un revers de la main toute velléité d’analyse : c’est la mentalité gasy, c’est le complexe du colonisé, c’est le pays du mora mora, c’est le propre de l’insulaire… Pour caricaturer, les férus de Bourdieu diraient qu’il n’y aurait rien à faire, c’est quasi-génétique…

Peut-être qu’il y a du vrai dans certaines de ces allégations.

Il serait cependant également intéressant d’examiner selon un prisme différent. Il paraîtrait évident qu’à la question : « quelles sont les valeurs qui vous paraissent caractériser au mieux l’idéal de la Nation malagasy ? », nous aurons certainement une forte représentativité des notions de liens entre les individus « Fihavanana, Fitiavana, Fokonolona, Firenena (issue de reny)… ».

Et si le Mal provenait finalement de lacunes dans ces liens inter-individus qui tissent la Nation ? Ce Mal qui engendre un égoïsme exacerbé, un repli sur soi, une indifférence envers les autres.

D’aucuns diraient que c’est enfoncer une porte ouverte que d’énoncer ce qui vient de l’être. D’autres ajouteraient que les remèdes seraient l’éducation, la religion, la discipline, … Oui, mais nous en sommes encore là !

Pour caricaturer encore, les fanatiques de Maslow diraient qu’il suffirait de calquer les logiques de développements observés dans d’autres contrées pour guérir ce Mal. Nous avons tenté des voies théoriquement différentes, allant du marxisme dur jusqu’à un libéralisme le plus sauvage… Nous en sommes encore là !

Et s’il s’avérait que l’épicentre de notre malheur résidait dans le socle sur lequel se base notre Nation : l’Etat ? Nous avons une chance, Madagascar est une île : le territoire est clairement délimité, la population n’est alors que l’ensemble d’âmes vivant sur ce territoire. Le problème serait essentiellement celui de l’autorité publique. Plus précisément, ce serait l’organisation même de la chose Politique qui pêche. Elle ne favorise pas les conditions suffisantes pour que puisse se construire sereinement et durablement une vraie Nation d’individus mus par un idéal commun et dotés d’une identité affirmée.

Et si les bonnes volontés malagasy unissaient leurs génies individuels dans une entente composée des férus de Bourdieu, des fanatiques de Maslow, pour bâtir ce socle ?

Et si ce début d’hiver se transformait en printemps où les espoirs sont permis ?

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Rasendra
1 année il y a

Maslow, Bourdieu, comme nombre d’autres penseurs dans les démocraties dites avancées, sont des noms parfaitement inconnus pour la grande majorité des Malgaches. À moins d’être de mauvaise foi, force est de reconnaître que nous manquons sérieusement de personnalités de référence dans ce domaine et, ceci expliquant sans doute cela, la réflexion reste souvent superficielle faute d’un minimum de systématisation. C’est fort dommage quand on sait que nos concitoyens ont toujours été férus de débats. Gageons qu’une telle appétence ne relève pas simplement d’un penchant avéré pour les joutes oratoires et qu’il n’est pas utopique d’espérer voir émerger un jour quelques appels d’air irrépressibles autour de la réflexion dans tous ses états. En ce sens, l’initiative d’Apogeniies est méritoire.

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